Construire vite et mal est-il une fatalité à Bussy-Saint-Georges ? Otage d’une obligation nationale de construire toujours plus sans moyen supplémentaire… et des solutions qui ne s’avèrent pas suffisantes ! Comment aller plus loin ?

Vidéos à l’appui, les malfaçons du Sycomore ont fait le tour de la presse cet été : construire vite et mal est-il une fatalité à Bussy-Saint-Georges ? Marre de se retrancher toujours derrière notre obligation nationale de construire toujours plus !! Au-delà de la ville et d’EpaMarne, nous interpellons l’État sur ses obligations !

Des malfaçons récurrentes dans le nouvel écoquartier du Sycomore

Les vidéos sont sans appel. Des malfaçons graves dans des nouvelles constructions du Sycomore ont créées le buzz cet été. Nous nous joignons à tous ceux qui ont été victimes de ces inondations en aout dernier alors même que leur maison ou leur appartement était neuf. 

Un article du Parisien relaie le récit des habitants… « Ça coulait comme une douche des prises de courant ».

https://www.leparisien.fr/video/video-leau-coulait-par-les-prises-electriques-une-residence-flambant-neuve-prend-leau-19-08-2022-5IUE4MGX6BFJNJRMWP5CJMV6B4.php?ts=1662820547096

D’autres médias ont relayé la colère des habitants.

https://actu.fr/ile-de-france/bussy-saint-georges_77058/bussy-saint-georges-16-appartements-inondes-dans-une-residence-toute-neuve_53466496.html

https://fr.news.yahoo.com/bussy-saint-georges-colere-habitants-residence-nexity-devastee-intemperies-122453658.html

Ce n’est pas la première fois que les malfaçons sont découvertes au Sycomore. Nous avions fait à ce propos un premier article en 2021, au moment où la municipalité a mis en place une personne spécifique en charge de ce type de problèmes.

Parallèlement, EpaMarne et la Municipalité ont mis en place une charte de qualité pour mieux encadrer les promoteurs. https://www.epamarne-epafrance.fr/wp-content/uploads/2021/12/20211215-dp-bussy-qualite-logement-bd.pdf

Est-ce que tout cela suffit à canaliser une urbanisation galopante… ??

OIN ou Opération d’Intérêt National : le grand bouclier qui dilue les responsabilités  

C’est un fait, on construit toujours plus à Bussy et trop vite dans bien des cas… !! En cause : la fameuse Opération d’intérêt National. C’est un bouclier… Tout le monde se renvoie la balle… Bussy est dans l’obligation de construire 550 logements par an !! Ce n’est pas notre faute… J’entends cela depuis que je suis arrivée à Bussy comme vous je suppose.

Dans un article des Echos datant de plus de 20 ans (1er mars 2001), on parlait déjà de Bussy comme une ville en hyper croissance ! Or en 10 ans, la ville avait gagné 9000 habitants… seulement si j’ose dire ! 

https://www.lesechos.fr/2000/03/villes-les-as-de-la-croissance-1-bussy-saint-georges-nee-du-volontarisme-1050180

Notre nouveau PLU (plan local d’urbanisme) prévoit d’intégrer 18 000 nouveaux habitants entre 2022 et 2032 !! En réalité, après enquête, ce rythme est le double de celui qu’a vécu Bussy jusqu’à maintenant !! C’est de la folie !!!! Surtout quand on se réfère à l’histoire de Bussy (voir ci-dessous).

Décennie 19901990 : 1500 habitants2000 : 10 000 habitantsProgression : 8 500 habitants
Décennie 20002000 : 10 000 habitants2010 : 20 000 habitantsProgression : 10 000 habitants
Décennie 20102010 : 20 000 habitants2020 : 27 000 habitantsProgression : 7 000 habitants
2020-20222020 : 27 000 habitants2022 : 29 000 habitantsProgression : 2 000 habitants
2022-2032 (nouveau PLU)2022 : 29 000 habitants2032 : 48 000 habitantsProgression : 18 000 habitants + 65 %
Hypercroissance
Progression du nombre d’habitants à Bussy par décennie

Une OIN ou Opération d’Intérêt National qui – en plus –coûte très cher à la ville depuis plus de 20 ans.

Revenons au démarrage de l’histoire !

Dès 1985, la commune de Bussy-Saint-Georges a eu la particularité de constituer à elle seule une agglomération nouvelle et être classée en périmètre d’opération d’intérêt national (OIN). A cette occasion, la commune a été dessaisie de ses compétences d’aménagement. Elle a conclu avec l’État des conventions qui définissaient le rythme et le contenu de son développement urbain, dont la mise en œuvre a été confiée à un établissement public de l’État : EpaMarne. En contrepartie, la qualité « d’agglomération nouvelle » donnait à la ville des moyens supplémentaires pour se développer.

Au départ, ce deal était gagnant pour tout le monde. Pour Bussy et pour l’État qui a pu faire face à la rareté des logements en Ile de France. Mais dès la fin des années 1990, la machine se grippe. Les finances de la ville s’en ressentent. Même avec des aides financières, le budget de ville se déséquilibre de plus en plus chaque année.    

Je cite toujours le même article des Echos portant sur la ville de Bussy et qui date de plus de 20 ans à propos de l’explosion démographique de la ville… « Nous devons faire en une génération ce que les autres villes ont réalisé en deux siècles. Or, malgré les dotations particulières dont nous bénéficions, nous avons beaucoup de dépenses par rapport à nos recettes. L’impôt finance à peine la moitié de nos besoins de fonctionnement, alors que nous devons aussi investir massivement. ». La ville s’enfonce dans les difficultés financières dans le début des années 2000.

En 2003, la Chambre Régionale des Comptes met son nez dans les comptes de la ville. L’État commence à évoquer la nécessité de ralentir le rythme des constructions. En 2006, un audit contradictoire est fait par la Cours des Comptes. On continue à ralentir le rythme de construction tellement la ville est endettée.

Difficile encore de faire la part des choses aujourd’hui entre la mise en cause de la gestion de la commune à l’époque et les problèmes liés à l’urbanisation rapide de la ville et à ses contreparties : financement exponentiel de nouvelles infrastructures et équipement publics, nouvelles écoles, nouvelles crèches, etc. Ce qui est certain c’est que dans son Audit contradictoire, la Cour des Comptes reconnait qu’une part importante des difficultés de Bussy est bien due… à un déséquilibre structurel lié aux rythme des constructions !!! Cela n’empêche pas le gouvernement de l’époque de cesser ses aides aux villes nouvelles. Résultat : augmentation exponentielle des impôts dans les années 2010 !!

Si cela vous intéresse, audit de la Cours des Comptes de l’époque.   https://www.ccomptes.fr/sites/default/files/EzPublish/18CommuneBussyStGeorges.pdf

Résultat : nous sommes otages d’une OIP qui nous oblige à payer 40 % de plus d’impôt par an !!!   

La notion d’agglomération nouvelle n’existe plus, et les aides financières accompagnant la mise en place des infrastructures nécessaires n’existe plus. Néanmoins, le territoire de la ville est toujours classé OIN. L’État impose toujours de construire 550 logements de plus par an et nous sommes toujours pris dans un engrenage où il faut investir dans les infrastructures pour accueillir les nouveaux habitants.

Résultat : les Buxangeorgiens sont pris en otage et en paie un prix démesuré. Leurs impôts sont 40 % au-dessus des autres communes de la même taille.

Il est urgent de ralentir le rythme des constructions à Bussy…

Grâce à des impôts surdimensionnés, les finances de la ville ont été rétablies.

Néanmoins, devons-nous rester passifs !!

J’ai ouvert pour vous le code de l’urbanisme. https://www.legifrance.gouv.fr/codes/section_lc/LEGITEXT000006074075/LEGISCTA000031210108/2019-12-29.

« Une opération d’aménagement qui répond à des enjeux d’une importance telle qu’elle nécessite une mobilisation de la collectivité nationale et à laquelle l’État décide par conséquent de consacrer des moyens particuliers peut être qualifiée d’opération d’intérêt national par un décret en Conseil d’État qui l’inscrit sur la liste des opérations auxquelles cette qualité est reconnue« .

Deux hypothèses !!

1/ Soit l’État considère que Bussy présente encore aujourd’hui des enjeux « d’une importance telle » qu’elle nécessite son intervention. Dans ce cas, il est nécessaire que l’État ne laisse pas les Buxangeorgiens seuls face à l’obligation d’accueillir à leurs frais 18 000 nouvelles personnes en 10 ans. Peut-être mis devant ses responsabilités, l’État acceptera-t-il comme en 2003-2008 de ralentir le rythme des constructions.

2/ Soit l’État ne veut pas aider financièrement la commune, et dans ce cas, il doit dégager Bussy-Saint-Georges de ses obligations liées à l’OIN. La ville pourra alors ralentir librement le rythme les constructions…

2 réponses sur “Construire vite et mal est-il une fatalité à Bussy-Saint-Georges ? Otage d’une obligation nationale de construire toujours plus sans moyen supplémentaire… et des solutions qui ne s’avèrent pas suffisantes ! Comment aller plus loin ?”

  1. Merci à Valery Michaux et Isabel Archilla du groupe « Bussy c’est Vous d’avoir demandé officiellement  » un ralentissement des constructions au Sycomore » , ce qui revient à un moratoire.
    Comme le groupe  » Bussy c’est Vous » à été et est le soutien de notre,Député Hadrien Ghomi , ce dernierva sûrement soutenir fortement cette proposition de Valery Michaux et Isabel Archilla, Conseillers Municipaux de Bussy.
    Un Député est effectivement élu sur la circonscription pour soutenir les citoyens et au moins ses supports locaux.

  2. Cela fait déjà un moment que de nombreux citoyens de Bussy demandent un moratoire.
    Pas la peine d’avoir fait Sciences Po ou un bac + 6 pour réaliser que l’on va dans le mur avec des infrastructures qui ne suivent pas avec le désengagement constant de l’état…..
    Bien évidemment qu’ il faut ralentir….
    Un développement harmonieux du nouveau quartier
    20000 habitants c’est une nouvelle ville …..on ne fait pas que du béton et un parc urbain……

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