6800 pages… C’est le nombre de pages du dossier que tout citoyen pouvait parcourir du 18 septembre au 18 octobre 2023 pour donner son avis sur deux nouveaux projets qui vont transformer le sud de Bussy-Saint-Georges : la zone d’activité baptisée la « Rucherie » et la création d’une nouvelle entrée sur l’autoroute A4. Autant dire qu’il n’y a qu’une poignée de citoyens courageux qui se sont lancés dans cette lecture rendue encore plus laborieuse, tant les dossiers étaient mal organisés. Nos deux premiers articles portaient sur le fond de la concertation. Ce dernier article porte sur notre consternation concernant la concertation elle-même.
Extrait de nos observations au commissaire enquêteur chargé de regroupé et répondre aux questions des citoyens
6800 pages !!! Ce dossier de concertation est à l’image des dossiers de concertation d’urbanisme aujourd’hui. A la fois passionnant car ils comportent des études extrêmement intéressantes qui mériteraient d’être mieux explicitées à la population. Mais très peu pédagogiques, ce qui élimine la plupart des citoyens.
Ne serait-ce que dans la présentation des dossiers, un peu de pédagogie aurait faciliter l’accès à l’information comme par exemple, mettre en avant les dossiers de synthèse et flécher les dossiers d’approfondissement. Il y a là une piste d’amélioration conséquente pour de prochaines fois. A moins que les pouvoirs publics considèrent que la concertation n’a pas besoin de toucher les citoyens.
En tant qu’élue locale de Bussy Saint Georges, je rappelle souvent que moins on est pédagogique, et plus on prend le risque de créer un fossé entre les pouvoirs publics et les citoyens, ce qui favorise l’abstention ou les extrêmes voire les deux en même temps.
Un projet « rentable » pour les citoyens ? Je suis choquée des modes d’analyses…
Le dossier portant sur l’évaluation socio-économique est le seul dossier qui m’a paru incohérent. Je suis peu familière avec ce type de dossier mais certains éléments de calcul me semblent complètement erronés voire de nature à fausser complètement l’analyse.
Autant les hypothèses prises en considération dans cette étude pour calculer l’intérêt socio-économique sont claires. 65 % des locaux et des emplois seront dédiés à la logistique et à l’industrie et 35 % aux artisans et aux bureaux. 50 % des entreprises correspondraient à des organisations déjà existantes en Ile de France et 50 % des entreprises seraient créatrices de nouveaux emplois locaux.
Autant, certains critères apparaissent fantaisistes. Par exemple, on essaie d’estimer financièrement l’intérêt de la zone d’activité de la Rucherie en prenant en compte la maintenance des locaux. La méthode compare la maintenance des nouveaux locaux des entreprises qui vont s’installer sur la zone de la Rucherie avec la maintenance de leurs locaux vieillissants dans leur précédente zone d’activité. L’analyse conclut que comme les nouveaux locaux sont de meilleure qualité environnementale, la zone d’activité constitue une valeur ajoutée pour le citoyen de Bussy. J’avoue ne pas avoir bien compris la logique !!!
Les anciens locaux ne vont pas disparaitre !! Le sol est déjà artificialisé et ils vont continuer à émettre du CO2 et continuer à perturber la biodiversité. Je trouve que le calcul est complètement faussé. Si on faisait un vrai bilan carbone global par exemple, peut être que la rénovation de ces anciens locaux serait beaucoup plus intéressante en matière de CO2 et de biodiversité que la construction de la Rucherie. Et dans tout ça, on peut penser que l’entreprise concernée dépensera moins de budget dans la maintenance de ses locaux…. mais j’ai du mal à voir en quoi cette économie de budget pour l’entreprise, se retrouve qualifiée de valeur ajoutée socio-économique pour le citoyen de la ville de Bussy. Mystère !!
De même, on cherche à valoriser l’impact des poids lourds qui vont prendre le diffuseur mais l’augmentation du nombre de poids lourds dans une future zone d’activité censée être spécialisée dans les activités de logistique n’est pas prise en compte.
Enfin, essayer de valoriser la future qualité de vie au travail des futurs salariés en la comparant avec une qualité de vie au travail d’avant, forcément médiocre dans des locaux anciens, me semble quand même très abusif !
Quelques analyses socioéconomiques très obscures et des montants de compensation environnementale dérisoires
Encore une fois, je suis peu familière avec ce type d’analyse mais n’y avait-il pas d’autres critères à prendre en compte plus intéressants : le fait de gagner au moins 50 % de surface foncière par rapport à un projet classique de zone d’activité, l’usage de matériaux bas carbone, la revalorisation des déchets, etc.
Du coup, quand le dossier annonce que le projet global de la ZAC et de son diffuseur est rentable pour le citoyen avec + 442,6 Millions d’euros. Ça parait surréaliste !
Parallèlement, selon le dossier, le coût global des mesures en faveur de l’environnement est évalué à 850 k€ HT environ, pour un montant total de travaux estimé à 30,9 M€ HT. Ce montant parait bien dérisoire !!! Bien entendu, nous avons demandé un document de synthèse (estimation des actions de compensation) avec le détail des actions et des budgets.