Nous devrons bientôt payer pour aller nous garer en centre-ville : les aspects positifs et négatifs de cette décision sur laquelle les habitants de Bussy-Saint-Georges n’ont pas vraiment été concertés.

Comme vous le savez, le système actuel de stationnement en centre-ville de Bussy-Saint-Georges est basé sur une zone de disque avec une zone bleue limitée à deux heures et une zone rouge limitée à une demi-journée. Il va devenir payant. Les communautés de quartier ont été informés mais pas associés à la décision. Les discussions se font que commencer au sein du Conseil Municipal. Nous espérons que les habitants et les commerçants soient plus largement intégrés aux discussions : périmètre, tarifs, durée de la gratuité, etc. Où en est le projet exactement ?

Pourquoi un stationnement payant à Bussy-Saint-Georges et quel est le projet prévu ?

La ville a fait faire une étude spécifique des stationnements en centre-ville et s’est rendue compte que la rotation des voitures sur les places de parking est faible par rapport à ce qu’il devrait être pour un centre-ville commerçant et dynamique. En effet, comme il y a peu de contrôle, beaucoup d’habitants des villes alentours semblent se garer dans ce quartier pour prendre le RER. D’autres l’utilisent pour garer une seconde voiture, ce qui immobilisent totalement les places. Certains habitants ont aussi observé la présence de véhicules ventouses. Comme le nombre d’habitants est amené à augmenter à Bussy-Saint-Georges, le nombre de personnes susceptibles de vouloir se garer en centre-ville va mécaniquement augmenter. Cela ne pouvait pas durer !!

La zone dont il est question est celle qui est délimitée sur le plan ci-dessous. Elle correspond à 1750 places environ.

Toute cette zone va devenir payante.

Il y aura 3 zones différentes : le parking de la grande place (78 places), une zone rouge d’environ 360 places, une zone verte autour de 1300 places.

Sur la zone rouge, les voitures devront avoir un taux de rotation de maximum 3h00 (même place de stationnement avec le même véhicule). Le taux de rotation en zone verte sera plus important.

Sont prévus des tarifs horaires et des tarifs forfaitaires (notamment pour les riverains et les commerçants). Mais la discussion lors du Conseil Municipal de mars 2023 ne portait que sur le mode de gestion du stationnement. La discussion sur les tarifs se fera plus tard. La seule discussion qui a eu lieu jusqu’à présent est sur la gratuité. Si le parking est gratuit sur certaines plages horaires ou durant la première heure par exemple, c’est nos impôts qui payent. Si le parking est payant, chacun paie en fonction de ses usages. Que voulons-nous pour Bussy ? C’est vraiment une question qui aurait pu être posée aux habitants !!    

Ce qui nous a choquées aussi, c’est le manque de concertation à propos du périmètre : Pourquoi la zone est-elle si limitée au sud de la ville et pourquoi est-ce qu’elle remonte aussi loin vers le nord-ouest de la ville ? 

Peu de concertation des habitants et des commerçants

En tant qu’élues de l’opposition nous avons eu peu d’information sur ce projet avant la commission consultative des services publics locaux et le Conseil Municipal de mars 2023. En réalité, à cette date, la décision était déjà prise et on nous a demandé, en tant qu’élues, simplement de valider le mode de gestion de ce stationnement payant.

On aurait aimé discuter un peu plus en profondeur des différents scénarios possibles. Seuls les Comités de quartier ont eu une présentation. C’est déjà un premier pas, mais ce n’était pas suffisant pour une décision de ce type qui engage toute la population de la ville. C’est vraiment dommage. Encore une belle occasion manquée de rapprocher la ville de ses habitants en les faisant participer à cette décision.

Les impacts du stationnement payant sur le commerce de centre-ville : que disent les études ?

La grande peur dans toutes les collectivités c’est qu’un stationnement payant vide le centre-ville. Bussy ne fait pas exception. C’est la première peur qu’ont évoqué les élus en Conseil Municipal.

Est-ce le cas ? A notre connaissance, il n’existe pas d’étude scientifique qui montre un impact négatif sur le commerce (mais si vous en avez, n’hésitez pas à prendre contact avec nous : v.michaux.pl@orange.fr ou valery.michaux@bussy-saint-georges.fr).

Mais les études montrant un impact positif sont tout aussi rares. C’est curieux à quel point le sujet semble avoir été assez peu étudié !

Dans cette étude récente sur la revitalisation des centres-villes (lien ci-dessous), on montre à quel point l’accessibilité et la mobilité font partie des variables qui influencent directement la vitalité du commerce. Avoir du mal à se garer dans le centre-ville est donc très négatif.

https://www.economie.gouv.fr/files/files/PDF/Rapport_RevitalisationcentresvillesVdef_octobre2016.pdf

Cette étude évoque néanmoins le manque de données disponibles sur les impacts positifs ou négatifs du stationnement payant sur les centres-villes, même s’il est souligné qu’il peut y avoir un effet psychologique négatif dans les villes moyennes. Par contre, l’expérience de la Grande Bretagne est intéressante. Elle montre que plus la répression (verbalisation) est agressive, plus l’effet psychologique peut être négatif. Le pays a introduit 10 minutes de « grâce » pour limiter cet effet et à parfois été amené à revoir les tarifs.

Il existe néanmoins une étude néerlandaise (lien ci-dessous) menée en 2012 auprès de 80 centres commerciaux urbains qui montre que les prix de stationnement plus élevés entrainent bien une augmentation du roulement des places et donc un impact positif pour le commerce.

https://www.sciencedirect.com/science/article/abs/pii/S096969891100124X

Ce que montre aussi certaines études, c’est que le stationnement est un sujet complexe qui touche tous les habitants et que cela demande des débats dans une ville entre toutes les parties prenantes (lien ci-dessous).

http://www.aurav.org/documents/publi-stationnement_light.pdf?C5AE5EF805-1069

Ce qu’on peut dire, c’est qu’il faut un juste milieu et que c’est dans les tarifs et la durée de la gratuité que se trouvera le juste équilibre.  On peut également dire que rendre payant le centre-ville est une tendance dans beaucoup de collectivités pour des raisons environnementales. De plus en plus de communes souhaitent limiter la voiture dans leur centre-ville. Cependant, la réussite de cette opération de stationnement payant dépendra de la qualité du dialogue que la ville va instaurer avec les parties prenantes (habitants, commerçants, Comité de quartier, élus, etc.). Et là, pour l’instant, ce qui nous a choquées, c’est le manque de concertation comme souligné plus haut sur le périmètre de cette politique.

Peu de visibilité sur le projet

Au Conseil Municipal du 28 mars, la seule chose qui a été demandé aux élus, c’est de valider le choix du type de gestion pour ce stationnement payant. Le choix a donc été fait en amont du Conseil Municipal. Je me fais souvent la remarque qu’il n’y a pas vraiment de choix faits en Conseil Municipal. On nous demande d’être « pour » ou d’être « contre » mais il n’y a aucune participation aux réflexions préalables. Ici aussi, c’est dommage de ne pas utiliser de façon plus importante l’intelligence collective de l’ensemble des élus. 

Voici dans le tableau ci-dessous les avantages et les inconvénients des différentes formules présentées sommairement. Pour réellement prendre une décision avisée, il aurait été nécessaire d’avoir trois simulations financières à comparer. Aucune n’a été fournie. Donc, il était très difficile de valider la décision prise. Nous nous sommes abstenues par manque d’information.

En conclusion, pour nous, la décision de passer par une Délégation de service public est problématique car elle ne permet pas d’être complètement libre sur les futurs tarifs (qui dépendent de façon plus importante de l’équilibre financier du sous-traitant que de la politique de la ville). Nous avons demandé qu’il y ait entre une heure et deux heures gratuites pour les Buxangeorgiens, des abonnements raisonnables en période d’inflation et surtout qu’il y ait une application digitale qui facilite le paiement du stationnement. Suite lors du prochain Conseil Municipal.    

 Solution de gestionPourquoi cette solution n’a pas été retenueDécision majoritéNotre avis
SOLUTION 1

La ville gère directement le stationnement avec son propre personnel  
La gestion directe d’un service public : on met en place des horodateurs et on embauche des ASVP pour verbaliser.  Il faudrait que la ville investisse directement dans le matériel (achat des horodateurs et développement/gestion d’une application dédiée). Il manque des compétences et des ressources au sein de la commune : qui va entretenir les horodateurs ? Surveiller la qualité de service ?  Surveiller et gérer les abonnements ? verbaliser en cas de non-paiement du stationnement ?  Solution écartéeAvantage : créer de l’emploi local   Inconvénient : lourd pour la ville car il faut embaucher des personnes compétentes (pénurie de main d’œuvre) et faire des travaux (notamment refaire le parking de la grande place).   Néanmoins, nous n’aurions pas écarté cette solution sans faire une simulation financière (rappel : notre budget de fonctionnement à Bussy, qui fonctionne majoritairement avec des DSP, est 50 % supérieur aux collectivités de même taille).
 Solution de gestionPourquoi cette solution n’a pas été retenueDécision majoritéNotre avis
SOLUTION 2  

La ville sous-traite le stationnement  
La gestion via un marché public : la ville passe par un sous-traitant. Si les affaires ne fonctionnent pas, c’est la commune qui est impactée.        Certaines villes préfèrent garder la main (contrôle régulier du sous-traitant) et choisissent des marchés publics, d’autres villes au contraire n’aiment pas ce choix car il désengage le prestataire de ses responsabilités. Il permet de recourir à des compétences spécialisées. Les investissements (les horodateurs, etc.) ne sont pas faits par le prestataire.Solution écartée                                C’est un mode de fonctionnement intermédiaire qui est préféré par certains maires.   Ici aussi, nous n’aurions pas écarté cette solution sans faire une simulation financière            
 Solution de gestionPourquoi cette solution n’a pas été retenueDécision majoritéNotre avis
  SOLUTION 3  

La ville sous-traite le stationnement  
La gestion via une délégation de service public (DSP) : la ville passe par un sous-traitant. Si les affaires ne fonctionnent pas, c’est le sous-traitant qui est impacté.  C’est un mode de gestion plébiscité mais onéreux. Certaines villes préfèrent ce mode de gestion car il engage le prestataire. Il permet de recourir à des compétences spécialisées. L’investissement (les horodateurs, etc.) sont complètement faits par le prestataire mais il intégrera dans son prix le coût de cet investissement.  Solution adoptéeC’est le mode de gestion qui a été choisi (8 ans) mais il a un inconvénient. La DSP doit être rentable pour le sous-traitant qui doit assurer tous les investissements (y compris refaire le parking de la Grande Place). Cela peut constituer une forte contrainte en termes de prix des abonnements et du stationnement. Nous perdons la liberté de fixer nos prix. Là aussi, une simulation financière précise aurait été nécessaire pour prendre une décision éclairée. En effet, la DSP représentera un surcout pour la collectivité (Rappel : notre budget de fonctionnement à Bussy, qui fonctionne majoritairement avec des DSP, est 50 % supérieur aux collectivités de même taille)

Une réponse sur “Nous devrons bientôt payer pour aller nous garer en centre-ville : les aspects positifs et négatifs de cette décision sur laquelle les habitants de Bussy-Saint-Georges n’ont pas vraiment été concertés.”

  1. Super analyse. Merci beaucoup pour ce partage et ce niveau de réflexion.
    Visiblement, il n’y a pas d’étude qui montre l’impact direct entre le paiement du stationnement et la fréquentation des commerces en centre-ville. C’est sans doute une équation avec beaucoup de variables en paramètre. Il faut tenir compte de toutes les mobilités, de l’évolution rapide des usages de ces mobilités (fin des voitures) et surtout de l’attractivité des commerces (et de l’impact des grandes surfaces).
    Pour compléter voici une étude réalisée par les Echos Etudes sur ce qui peut motiver le français à acheter en centre-ville
    https://www.labanquepostale.fr/content/dam/lbp/documents/produits/pmo/barometre-guides/20200910-la-banque-postale-synthese-barometre.pdf

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